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L'enfer du FRRO

Pour tout étranger résidant plus de 180 jours en Inde, l’inscription au FRRO est obligatoire. FRRO peut signifier Foreign Resident Registration Office mais aussi Front de Refus de tout Routard sans Omission, encore que nous avons de la chance car nous avions 14 jours pour nous enregistrer, contre 7 jours pour les afghans ou 24 heures pour les pakistanais. Chacun y verra ce qu’il veut.

Un peu inquiétés par tous les témoignages (petit coup destress n°1) dont nous avions eu vent, Guillaume et moi nous sommes lancés à l’assaut de ce monstre jeudi dernier (le 23), soit 14 jours exactement après notre arrivée en terre indienne. Nous avons atteint l’endroit sans encombres, en quelques stations de métro et 60roupies de rickshaw. 

Nous commencions à nous détendre en nous rangeant dans la file où il n’avait à peine qu’une cinquantaine de personnes, facile ! D’autant que d’autres français de notre fac (Faculty of Management Studies) venaient de réussir ce rituel de passage, avec les mêmes documents que ceux que nous avions.

Au bout d’une heure et demi, nous avons atteint le bureau-secrétariat, censé nous délivrer notre admission form, passe droit pour le bureau suivant. Seulement, le monsieur en charge de donner ce papier, a décidé de prendre sa pause – déjeuner juste devant nous (petit coup de stress n°2). On respire un bon coup, on sourit, et on s’apprête à attendre 45min de plus.

Quand le bonhomme revient, il fait semblant de ne pas nous voir, classe et déclasse des piles de papiers, répond au téléphone, rote à tout va… Je suis maintenant certaine que passer au FRRO est un test de survie pour l’Inde, où l’on t’apprend à te maîtriser et rester patient quoiqu’il se passe (même si tu en es toujours au premier bureau et que le service ferme dans moins d’une heure). Et ça marche ! J’ai l’exemple d’un américain que nous avons rencontré sur place. Il est marié à une indienne de Calcutta et tous deux souhaitent vivre à Delhi. Ils doivent donc monter à nouveau leur dossier FRRO ici à Delhi, alors qu’ils l’avaient déjà fait à Calcutta. Pas de transfert de dossier, rien d’informatisé. That’s India. Ce monsieur vient tous les jours depuis une semaine au FRRO (pour sa femme qui est indienne ! Lui a passé l’examen sans plus de formalités), et il n’a encore tué personne. J’admire.

Bref, après avoir manqué à toutes les formes élémentaires de savoir vivre, le type du bureau décide de regarder nos documents, afin de décider si oui ou non, nous aurons droit au sésame pour l’étape suivante. Nous y aurons droit, non sans mal puisque l’énergumène face à nous ne prenait pas la peine de tourner les pages, déclarant toujours qu’il manquait quelque chose (petits coups de stress n°3, 4,5 à chaque fois), ce quelque chose qui était à la page d’après, donc à chaque fois, nous faisions le tour du bureau pour tourner les pages à sa place … Comment ça, pas clair ?

Sans nous accorder plus d’attention, il nous rend le tout avec la précieuse fiche verte intitulée Admissionform, et marmonne (Need 3, office number 3). Au suivant.

Nous remplissons la fiche, collons nos photos, allons au guichet 3. Le monsieur nous rend le tout et déclare « Need 3. Photocopy Shop, outside the gate ». Petit coup de stress n°6. C’est normal, ils ne pourraient quand même pas les faire pour nous.

Nous sortons du building, il pleut, arrivons sur la granderue, trouvons un photocopy shop à100m, faisons 3 photocopies en prenant soin de ne pas mouiller tout ça, etretour au Main Building. Il est14h40, le FRRO ferme à 15h, pas de panique.

On sort les photocopies, on recolle de nouvelles photos…Enfin, je recolle mes nouvelles photos puisque Guillaume ne trouve plus les siennes ! Petit coup de stress n°7. Il sort faire de nouvelles photos, revient en courant, colle les nouvelles sur les photocopies, et nous nous représentons tout sourire au guichet 3. Après une demi-heure de silence de plomb où nous ne comprenons pas trop ce qu’il se passe, le mec du bureau nous rend notre dossier, il a tamponné : Late : 1395 roupies. Fois 2. Il nous dit de passer au bureau des paiements puis de ramener notre dossier au guichet 6, pour finaliser. On essaie de lui expliquer que l’on n’est pas en retard, c’est notre dernier jour etc. Mais il ne veut rien savoir, déclare que c’est aujourd’hui notre 15^ème jour et nous laisse en plan.

J’étais alors assez fâchée, et bien décidée à ne pas payer. Pour une fois, Guillaume ne m’a pas trop dissuadé de faire d’histoire. Au guichet des paiements, j’ai donc pris un crayon et une feuille pour expliquer aux huissiers qu’il y avait 7 jours dans une semaine, donc 14 jours dans deux semaines et que si nous étions arrivés le 9, et que nous étions aujourd’hui le 23, il y avait bien 14 jours d’écoulés et pas 15. Ils étaient un peu perplexe devant notre détermination, et le fait que quand ils comptaient (sur leur doigt),du 9, inclus, au 23, inclus, ils trouvaient 15. Ils nous ont renvoyé au bureau 5, où cette fois, la dame présente a eu l’intelligence de compter à partir du 10, et a simplement mit une croix sur notre dette.

Finalement, comme l’a bien dit Ward, « the FRRO is hell on earth, but we passed the test ! »