Nous avons laissé le papa de Brunelle à l’aéroport après notre périple de luxe dans le Rajasthan et nous voilà repartis pour de nouvelles aventures. Apres 6 mois passés en Inde, pas un seul pays exotique et étranger n’était venu compléter notre passeport, où notre visa indien commençait à se sentir seul.
Ni une ni deux, pour faire plaisir aux douaniers nous voila à l’aéroport de Delhi, notre meilleur compagnon de voyage, bien plus fréquentable que ces gares indiennes surpeuplées et sales ! Nous respirons l’air du voyage et de la civilisation, mais les quelques soubresauts de ma CB envoyée dans la tombe ont bien faillit tout faire capoter.
Flashback qui fera peut être l’objet d’un prochain article, l’histoire étant que je me suis fait volé mon beau reflex avec portable et CB dans la gare de Vârânasî. Triste aventure s’il en est, le fait est que je pars tout de Go au Sri Lanka sans aucun moyen de paiement et que mon avion avait été payé avec cette la regrettée disparue. Dans leurs grands élans sécuritaires, les compagnies indiennes veulent bien sûr que l’on présente sa CB à l’embarquement. Voilà où nous en sommes ce jeudi 6 décembre à 5h du mat, l’avion est dans une heure et moi je m’énerve contre la charmante hôtesse de SpiceJet qui ne comprend rien à mon malheur.
Trèves de palabres nous embarquons contre quelques monnaies clinquantes, destination Chennai, puis Colombo. Pouah, puisque tout le monde nous avait conseillé d’éviter la capitale Sri-lankaise, pas très fun pour des touristes en mal de cocotiers et de repos, nous fonçons vers Negombo, plage faite pour étudiants en mal d’exotisme... et de cote Cap D’Adgdisée ou Grande Mottée.
Negombo Beach
L’escale nous aura permis de faire la connaissance d’un sympathique couple de baroudeurs français, qui connaissent le Sri Lanka comme leur poche et avec qui nous décidons de partir le lendemain vers une escale autrement plus backpacker : Adam’s Peak, ou une ascension digne de l’Everest nous attend.
A peine le temps de prendre des forces version Curry SriLankais, et nous voila, à 2h du mat, entamer la montée du sommet d’Adam, frais comme des gardons et en compagnie des pèlerins qui sont venus pour l'occasion…ou pas ! Tout ça pour admirer le levé de Soleil depuis les 2240 mètres de la bête.
Apres 3 heures et 5000 marches gravies (à en faire pâlir laTour Eiffel…), il reste plus qu’à attendre que le soleil se lève… ou que les nuages n’arrivent. Enfin ca donne quand même ça :
Tout n’aura pas été perdu puisque c’est la période des rencontres et que nous tombons sur un jeune belge, Raphael, qui n’en est également pas à son premier voyage au SL puisque cet architecte de Bruxelles à fait un stage sur la côte Sri Lankaise touchée par le Tsunami de 2004 (dont les traces sont d’ailleurs encore bien présentes par endroit…).
Cette rencontre nous permet de changer de taxi et de coéquipier pour aller en direction d’Ella, en plein cœur de la région montagneuse. A savoir que le SriLanka est en gros divisé en 4 zones : la côte ouest et Sud, touristique et riche ; la région montagneuse, cœur de l’identité cinghalaise [et non SriLankaise, grosse nuance] avec le triangle culturel plus au nord et enfin le nord jusqu'à la presqu’île de Jaffna, peuplée majoritairement par les tamouls et totalement interdite au tourisme pour cause de relents de guerre civile.
Cette partie du voyage fut clairement la plus belle puisque c’est dans cette région que pousse le thé qui fait la renommée de l’île. Paysages de montagnes verdoyantes à perte de vue où les cueilleuses tamoules ramassent méticuleusement les meilleures feuilles pour le plaisir de notre palais (le meilleur c'est le Dilmah tralala).
Ella est bien coincée dans la région montagneuse, mais les vues qu’offrent les sommets environnants valent le détour. C’est ici que nous disons adieu à Raphael et que nous rebroussons chemin pour Kandy, capitale de la région montagneuse.
Aux aurores, nous partons donc pour 8 heures de train, toujours à travers des paysages que les British n’ont pas du se lasser de contempler depuis leurs Bungalows et autres mansions.
Plantations de thé et autres cueilleuses tamoules
Kandy, la nuit et la pluie. C’est vrai que j’ai omis un détail important : depuis notre arrivée, il fait moche, avec des nuages de malheur qui nous suivent, amenant leurs cargaisons de mort : la PLUIE ! J’exagère à peine mais pour un backpacker la pluie est le pire ennemi, puisqu’elle s’insinue dans votre sac (malgré votre super sursac) et que de toute façon tous les soirs rien ne sèche et le lendemain c’est repartit de plus belle. En fait pour que la pluie ne gâche carrément le voyage et il faut une bonne dose d’optimisme (et d’amour dans mon cas) pour tenir le coup.
Kandy, connue pour être l’âme culturelle des cinghalais (groupe ethnique qui représente la majorité de la population de l’ile [78%], Bouddhistes et surtout en opposition avec les Tamouls hindous qui constituent l’autre groupe ethnique) et donc c’est l'occasion de découvrir une bonne dose de danses traditionnelles à ajouter aux autres visites de temples avec des dents géantes (un temple est censé abriter une dent du Bouddha, qui fait 12cm : les bouddhistes adorent le Yéti et ils ne se rendent même pas compte).
Peradeniya Gardens Pinnewala, orphelinat d'éléphants
Au pays de Kandy les gens ont heureux, tellement qu’ils dorment beaucoup pour faire de beaux rêves : au Sri Lanka les gens sont atteints de la maladie du sommeil : plus personne dehors après 20h, c’est mange ta soupe et file au lit. Il nous est arrivé d’avoir des sueurs froides avec quelques guesthouses dont les propriétaires étaient allés faire un petit somme (notamment une fois ou nous arrivons à 22h devant la porte de la guesthouse,fermée pour l’occasion, obligé d’escalader la grille pointue ou nous avons cru finir comme ce pauvre fils de Romy Schneider…mais bon tant bien que mal nous passâmes, pour voir que les proprio papotaient tranquilles et avaient seulement oubliés notre existence…).
Avec Kandy, s’en est finit des modes de transports luxueux, place maintenant aux bus ordinary pour voyager au cœur de notre prochaine étape : le triangle culturel.
Classiques visites de temples et capitales en ruines, ca en finirait presque par devenir blasant après 6 mois passer à arpenter les plus beaux sites culturels indiens. Le Sri Lanka fait honnêtement pâle figure à coté mais bon quelques sites corrects et inscrits au patrimoine mondial nous ont fait faire le détour et surtout nous ont allégé de 100$...
Au programme la citadelle de Sirigiya, perdue sur son rocher, Polonnaruwa et ses Bouddha éventrés et Dambulla avec des peintures digne de Lascaux.
Dambulla
La forteresse-rocher de Sigiriya
Un Stupa à Pollonaruwa
Avec la pluie battante tous les jours et les prix prohibitifs, sans compter l’attitude des locaux peu avenants envers les touristes, le choix est vite fait d’aller vers le sud et les plages…
Unawatuna, Hikkaduwa, Mirissa, Bentota, entre toutes ces plages aux noms de rêves, il ne nous restait plus qu’à choisir. Ce fut Unawatuna, la moins développée et la plus sauvage… tellement que les hôtels ne descendaient pas en dessous de 60$. Bravo pour les conseils du guide. Enfin malgré la tempête, nous affrontons les vagues. La vie est difficile. Tellement que nous remettons le cap sur Chennai. J
Unawatuna beach
Finalement, Ceylan c’est une petite île (deux fois la Belgique) mais un condensé parfait de tout ce que désire un voyageur : la montagne et ces défis hors du commun, la côte et ses plages tranquilles, le tout parsemé de sites culturels un peu partout. Le mélange est assez agréable !
A vrai dire la seule ombre au tableau du pays le plus développé de tout le sous-continent, ce sont les problèmes politiques. Voila 30 ans que les Tigres Tamouls mènent une guérilla pour la création d’un état indépendant tamoul dans le nord de l’île. Puis aux fils des années se sont succédés pourparlers de paix, armistices, le tout entrecoupés de guerres et d’attentats. En 2005 l’élection d’un populiste Cinghalais, Mahinda Rajapakse, a précipité les choses étant donné sa faible sympathie pour la cause tamoule. Cette année là les Sri Lankais ont de justesse choisit l’affrontement, étant donné que l’autre candidat prônait une réconciliation en accédant aux demandes du LTTE. Le pire dans l’histoire étant que les tigres tamouls ont interdit aux populations tamoules vivant sous leur contrôle de se rendre aux bureaux de vote sous peine d'avoir les bras coupés. Avec ces votes, Rajapakse n’aurait PAS été élu et l’histoire eu été différente. En quelque sorte les Tigres Tamouls ont œuvré à leur fin…
En effet en 2009 Rajapakse commence l’offensive contre les bastions de la rébellion tamoule, avec pour objectif de l’éradiquer une fois pour toute. C’est chose faite en mai 2009. Depuis le Sri Lanka n’en sort pas grandit : les tensions entre les communautés sont toujours aussi présentes,voire renforcées par le fait que l’armée est toute puissante et les exactions sont légions ; le nord de l’île est un véritable no man’s land ou 250 000 « réfugiés » sont parqués dans des camps et victimes d’atrocités, situation dénoncé depuis des mois par l’ONU…
Pourquoi parler de tout ca ? Dans deux semaines les SriLankais vont voter pour élire un nouveau président, avec le choix entre le président sortant et le général Fonseka, vainqueur militaire des TigresTamouls. En clair c’est bonnet blanc et blanc bonnet, sachant que les deux sont des nationalistes cinghalais anti-tamoul pur jus et que leur projet de "one people, one country, one nation » n’a jamais semblé être aussi loin de la réalité .Quelque soit les résultats, la mise en coupe réglée du nord tamoul se poursuit toujours et la normalité n’est pas pour demain.
En tant que touriste, à part les check points de l’armée, vous ne verrez rien de tout ça, vous pouvez vous ruer sur les plages, l’industrie du tourisme est en plein boom, les Club Med fleurissent : Enjoy, la vita è bella !
Commentaires
vos photos sont trop belles. y'en a plus sur facebook ??
La suite les enfants, mais d'un coté, il ne vous reste plus qu'un mois (oh my Bouddha!) d'université. Il est donc plus judicieux de profiter de vos derniers instants de fac indienne plutôt que de voyager ^^
ouais ouais jaloux va ! va dancer à Venise ! Rejoins nous en Asie si tu veux t'éclater !
J'ai rien à dire, je mets qqch pour que vous postiez les articles suivants ^^.
sinon on dirait que c'est d'la balle
J'ai tout lu !
Merci beaucoup, c'est du bon boulot d'écrire autant.
Une petite relecture aurait évité les quelques mots manquants d'un espace... La partie historico-politique de la fin est très éclairante.
Merci encore ! A très vite cousin
Et bien, tout ça donne envie d'aventures !
J'espère que tout se passe bien pour toi et à bientôt.
Bises