Les Cochons d'Inde

Dimanche après midi, après avoir couru les bazars de la grande rue commerçante de Vijay Nagar, Bruno, Guillaume est moi avons décidé de nous offrir une pause thé dans un autre monde. Notre appart commençait a être meublé, et nous avions même acheté un filtre pour avoir de l’eau potable directement au robinet (comble du luxe).

C’est ainsi que nous avons pris le métro jusqu’à Civil Lines, et delà, avons marché quelques centaines de mètres jusqu’à cette plaque.

L’Oberoi est un joyaux parmi les hôtels de l’ère britannique, un symbole de Delhi.

Je n’étais pas très à l’aise avec mes pieds nus dans les sandales, teintés des couleurs que leur avaient données les rues indiennes. Pourtant, après avoir été conduit au Coffee Hall par les maîtres d’hôtel en noir et blanc, avoir été gratifiés de moultes Sir et Madam, nous avons finis par nous sentir comfortable au milieu du luxe.

Nous étions rationnés à 600rps (soit un lassi, un thé et une Kingfisher) avant de découvrir qu’ils prenaient la carte bleue, ce qui nous a permit d’enchaîner les thé, Kingfisher, brownies, ice-cream et autres gabal jamul (soit presque 1800rps) !

Rassasiés de tout ça, de clim’ et de discussions, au calme, en français, nous avons fait un tour dans le jardin, pour voir les banyan trees, piscines, et cours de tennis. Nous avons finalement quitté le palace dans la soirée, pour retrouver notre Inde, celle qui s’agite, klaxonne et sourit. 

En Inde, on le saura, la patience est la première des vertus à acquérir. Dans l’engouement des premiers jours au cours desquels nous découvrions tous les jours un peu plus la ville, multiplions les rencontres inopinées, apprivoisions la jungle qui nous entoure (appelé aussi, le bordel indien) etc., nous nous sommes décidés à progresser dans notre recherche d’appartement. Sans laisser tomber l’inscription à la fac, nous souhaitions laisser cette épreuve (certainement la plus difficile ici) à des jours meilleurs (entendre, quand nous n’aurions plus à passer 2h en bus crowded et autres transports pour joindre le campus).

Mercredi 15 Juillet, armés de la meilleure volonté du monde et dans la tête, les témoignages de connaissances plus ou moins éloignées ayant trouvées en Inde de luxueux appartement pour le prix d’une chambre chez l’habitant à Aix / 2, nous nous sommes lancés à l’assaut des property dealer et autres booker en surpopulation à Delhi.

Nous avions une idée des quartiers qui nous intéressaient (àvos cartes !) :

- Kamla Nagar, un quartier très vivant, apprécié des étudiants en pause déjeuner ou après les cours avec un Mac Do (vraiment dégueuen Inde), quelques bars, assez commerçant finalement, et avec l’avantage d’êtreà 200mètres de FMS (où Guillaume ira).

- Vijay Nagar, autre quartier sympa, plus calme etrésidentiel, où les frenchies que nous connaissions avaient trouvé leur bonheur.

Depuis Mumbay, Ajay tentait de nous aider. Grâce à lui, nous eûmes nos premiers contacts : Vinod. Ce property dealer nous fit visiter un premier flat dans Vijay Nagar, et un second dans Kamla Nagar. Nous étions atterrés ! Même si l’emplacement était pas mal à chaque fois, les logements étaient minuscules, très sombres (0 à 1 vraie fenêtre, sinon, ce sont des ouvertures qui donnent sur des couloirs de cheminées), sales etc. Pour un premier contact, ça a été la douche froide ! D’autant que nos amis indiens nous avaient prévenu que nous étions à une époque où les cours avaient commencé, et que le marché du logement étudiant s’était sensiblement réduit. Nous avons passé la fin de la journée à relancer les uns et les autres pour trouver autre chose, mais niet, nous ne visiterions plus rien aujourd’hui.

Nous sommes rentrés déçus, d’autant qu’à FMS, le Dean ne semble pas savoir de quoi nous avons besoin pour nous inscrire, ni ce que nous faisons là, alors que toutes les fac nous renvoient vers lui …

Le lendemain, malgré les dispositions que nous avions prises pour visiter plus de choses, ce fut à nouveau choux blanc. Nous n’avons pu visiter qu’un seul appartement, à peine mieux que les précédents, et n’avons nullement pu avancer quand à l’inscription en fac. C’était assez déprimant en un sens, nous étions fatigués de faire le trajet tous les jours depuis IGNOU,et déçus de ne pas trouver alors que nos amis l’avaient fait dès le premierjour !!

Finalement, nous avons décidé de contacter un ami des frenchies, celui qui les avait aidé à chercher, Prabhat. Ce garçon, népalais arrivé récemment à Delhi, s’est révélé véritablement adorable ! Il a tout de suite contacté des amis d’amis d’amis d’amis d’amis d’amis comme c’est fréquent en Inde, et nous a proposé de nous faire visiter plusieurs apparts dans le quartier de Vijay Nagar, dès le lendemain. Entre temps, nous avions rencontré Bruno, candidat malheureux d’unecolloc impossible, et qui se joignait donc à nous pour les recherches. Ma grande déception le vendredi, alors que j’avais fais 2h30 de trajet et me réjouissais de visiter quelque chose de potable, fut d’être interdite de visite. Peur d’une mauvaise impression auprès du property dealer sikh (nous sommes un couple non marié, cherchant un appart avec 2 chambres pour 3) ? Plus de place sur les motos ? On ne parle affaire qu’avec les hommes ? Je pense qu’il y avait un peu de tout ça… Bref, Guillaume et Bruno sont partis sans moi. Au deuxième appel de mon homme, je le sens décidé,il a trouvé la perle rare ! Quand à moi, je ne le découvrirais que le lendemain, au moment de sortir 47 000 roupees (ça fait un beau paquet dansla main !).

Je suis moi-même conquise !

- l’appart est grand, lumineux (2balcons), très bien agencé,propre, refait à neuf … Tout simplement parfait !

- à 7min à pied de nos amis, 20min de la fac (FMS, un peu moins encore pour moi), et 3min d'un parc,

- tout près du métro ! Mon moyen de transport préféré,sans quoi Delhi ne serait que l’ombre d’elle-même ...

En plus, la rue principale toute proche, recèle 1000trésors, dont un supermarché ( !) et… ça (le centre d interet est a deviner)!

Après avoir payé, nous avons pu emménager, dès le samedi,sans avoir signer le bail bien sûr. Nous nous sommes fait un plaisir de démarrer tout de suite l’installation, c'est-à-dire en fait, meubler entièrement notre nouvelle maison !

Dès Dimanche soir, nous avions les lits, un canapé fait main (par nous) et très chouette, un frigo, des plaques au gaz, un micro onde etpresque tous les accessoires dont peu rêver la ménagère européenne ! Une chose nous manque cruellement … les clim’ !!

Un petit post pour faire partager quelques images de scènes quotidiennes à Delhi. En passant par les piétons à contresens sur l'autoroute, les singes aux abords des quartiers chics, ce sont :

 - les vaches sur la route, au dans les amoncellements de détritus

 - les travaux du métro, absolument nécessaire pour une ville de la taille de Delhi, les maîtres d'oeuvres ont prévu une extension pharaonique du tronçon existant ! Les accidents sont pourtant nombreux, comme la nuit dernière (les principaux travaux se font de nuit) où un pilier s'est détaché, entraînant la mort de 6personnes, à peine 9mois après un accident similaire dans la même zone ! Pour l'anecdote, 3 grues se sont successivement cassées en essayant de relever le pilier cassé !  

 - le passage, tous les jours en bus devant la porte de l'Inde de Delhi (ne pas confondre avec celle, plus connue, de Bombay) sur la place de Vijay Chowk (c'est le monument aux morts de la 1ère GM).

 - les airs de bidonvilles (slums, ou shantytowns - pas tout à fait la même chose) à la sortie du métro et juste avant de pénétrer dans les quartiers plus chics de Shalimar Bagh. A noter, mais invisible ici, les enfants qui, du toit de leurs maisons, lancent des cerfs volants colorés très haut dans le ciel, et quelque part, s'envolent avec eux loin de la puanteur qui les entourent.

 - ce sont aussi les oiseaux, dont le chant incessant nous berce où que l'on soit à Delhi !

 - des frenchies qui se croient en vacances et visitent le fort rouge, sans jamais oublier leur bouteille d'eau product of Coca Cola Compagny !

 - l'incessante animation de Chandni Chowk, coeur de Old Delhi, où l'on retrouve la parfaite impression que l'on se faisait de l'Inde avant de venir : un beau bordel, haut en couleur et en vérité très attrayant. 

 - finalement, Delhi, c'est la pureté et la beauté des traits d'un enfant indien, l'Inde, c'est la couleur des sarees que portent merveilleusement bien les femmes ! Ilots colorés parmi le bruit, la poussière et l'agitation, tout simplement fabuleux.

J'en veux absolument ! D'autant que c'est une question d'économiser les nerfs de Guillaume, qui ne supporte pas de me voir regardée par les hommes qui passent... L'Inde l'aurait-elle rendu jaloux?

Notre mère patrie n'allait pas tarder à nous rattraper ! Après notre 1ère grasse mat' en terre indienne, il était temps de prendre contact avec la civilisation gauloise présente à Delhi. Grosso modo ça veut dire avec Clara (rencontré sur le net) & her friends. 

Boire un coup sous les piliers du métro peut redonner du baume au coeur : nous ne sommes pas seuls à Delhi !! Clara et Steven de Lyon III étaient au rendez vous ainsi que Marjolaine de l'IEP de Paris (pour le moment ça va on a pas encore parlé des choses qui fâchent...le CRIT !), et ces sympathiques chanceux ont trouvé un appart ! Qu'est ce qu'on galère dans notre trou... ni inscrit ni logé au bon endroit ! Enfin après cette courte mais fructueuse entrevue, nous devons déjà et encore rentrer (17h30...) pour ne pas loupé le dernier ricksaw au risque de galérer encore plus !

La soirée allait également nous accorder une providentielle rencontre avec le dernier des IEPpiens à arriver à Delhi, j'ai nommé Bertrand ! Même point de vue pour les même galères : il faut qu'on sorte de là !!

Enfin avant de trouver un appart encore faut-il s'inscrire à la fac...une bonne nuit de sommeil pour affronter l'adminisration indienne n'est pas de trop.

Ce mardi donc c'est inscription...autant vous dire tout se suite que rien ne s'est fait tant c'est le Bordel ! Arrivés à la fac après 2h30 de trajet ( ca augmente chaque jour mais bon il y a eut un accident sur le chantier du metro : 6 morts et traffic coupé...) nous naviguons dans le campus comme une aiguille dans une botte de foin : paumés !

Nous partons avec nos petits petons à la recherche de facs noyés dans un campus qui doit bien faire 10Km², une fac nous renvoyant dans une autre qui nous renvoie dans un autre bureau qui est en pause déjeuner etc.

Casse ********, on abandonne car il est 13h et tout ferme, pourquoi ne pas alors aller dans le quartier de notre futur appart (Ajay se démène pour nous en trouver un à distance depuis Bombay les pieds dans l'eau) ? Mauvaise idée, habiter ici ne peut que donner envie de partir tant c'est excentré et sans vie étudiante ! (notre visite n'auras pas été inutile : on a vu la super tour TV de 200 metres de haut en plein dans les friches bidonvillières ! Cool !)

Bref journée vraiment Broucouille comme diraient certains, mais une chose est sûre : on veut habiter près de la fac !!!

Heureusement il est toujours aussi plaisant de rentrer "back home", avec les cuisiniers qui nous apprenent les voyelles hindis (kh et K c'est pas pareil !) et le petit du Qutub Minar que je retrouve : William, William: a picture with you, William: your cell number, William: come to my home ! Vive l'Inde et ses Indiens plein de tendresse !

Namasté !

Ps : ce soir 1ère rencontre avec un serpent... heureusement super-cuistot lui a super-assommé la tête ! 

Ps2 : régime riz...devinez pourquoi :( 

 Le dimanche est le même dans tous les pays, et les indiens ne dérogent pas à la règle, et en font peut être encore moins que les autres.

Bref: plus de bus, plus de commerces, même le petit dej était minimaliste et pimenté... Heureusement une fois de plus notre cher Ajay est venu à notre secours et nous a proposé d'aller au Qutub Minar, la tour Eiffel locale.

J'en profite pour faire une parenthèse sur ce petit bonhomme qu'est Ajay Chauhan. Sans lui Delhi aurait eu un goût un peu plus amer... Déjà on aurait mangé froid, sans toast le matin au petit dèj (oui, car Ajay commande tout à tout le monde car il appartient à la caste des guerriers mais bon comme c'est un rebelle il a décidé de travailler dans l'éducation après un MBA), on aurait pas connu les taxis gratos pour nous amener en plein centre sans même négocier et surtout on ne pouvait pas rêver meilleur guide pour nous introduire à la culture indienne.

De Vishnu aux intouchables en passant par Gandhi ou l'esprit d'entreprise des indiens, il nous a aidé à mieux comprendre ceux que nous allions cotôyer pendant un an.

Quelques anecdotes de son cru : déjà, les castes c'est super, dans ce système tout le monde est content car chacun à sa tâche et personne ne manque de rien ! Vous me direz certains sont dans la rue toute la journée (dès l'age de 5 ans ) à mendier avec un bras en moins : c'est NORMAL, mendier est un métier ! Même pas mal vu et en plus beaucoup de mendiants sont plus riches que la middle class :) ils ont tout compris ces indiens !!!

Ou encore : pourquoi l'Inde est le pays le moins cher au monde ? Ahah, les gens ne cherchent pas à faire de l'argent, juste à manger. C'est bien sûr pour ca qu'on se fait jamais arnaquer en prenant le ricksaw ou en achetant un T-shirt et qu'on doit tout négocier : les indiens ne sont pas cupides !

Dernier petit détail : en Inde, la burqa sert à protéger de la poussière (la pollution n'existe pas, ou pas assez pour être mentionnée) c'est très pratique et ça n'a rien à voir avec la religion !!

Sacré Ajay !!

Trèves de palabres, allons plutôt visiter le Qutub Minar !! Dans notre quartier excentré se trouve en effet un monument digne de visite : une cheminée de 70 mètres de haut :)

THE Qutub Minar !!

Dr Ajay Chauhan  

Après une journée bien remplie, je n'ai toujours pas le droit au repos puisque c'est au tour du cuisinier de m'assaillir de questions. Enfin en tant qu'étudiant en management je suis son boss et j'arrive à me libérer de ses discussions interminables sur : la domination américaine sur le monde ou, pourquoi les francais ne jouent pas au cricket...

Bonne nuit !