Les Cochons d'Inde

Les péripéties d'Indiana Gone et de sa "fidèle" compagne, tels des aventuriers solitaires défiants tous les Rajahs de la Terre.

le 01-03-2010 19:04

Raja Hindustani

Encore un voyage au Rajasthan allez-vous me dire... Oui mais celui-là n'est pas comme tous les autres: mes parents sont de la partie et nous avons décidé de nous aventurer dans les contrées les plus réculées et désertiques du pays des Rois... Mouahahah !  Le Rajasthan, tout le monde croit le connaitre, destination touristique idéale pour ceux qui recherchent un peu d'exotisme et de paysages dignes des 1001 nuits avec ces forteresses aux portes du désert etc... Il est cependant intéressant de remonter le temps pour comprendre un peu mieux cette région indienne atypique, au dela des clichés et stéréotypes véhiculés dans notre imaginaire collectif. 

Raja-sthan veut dire "terre des rois" en Hindi, et effectivement ça fait assez longtemps que des principautés y ont émergé pour qu'il mérite ce titre. Depuis le 5ème siècle, des envahisseurs venus de l'ouest ravagent les terres du jadis tout puissant empire Gupta. Tombé en déliquescence celui-ci ne peut plus empêcher ces envahisseurs - et parmi eux les Huns - de s'installer dans les contrées occidentales du Royaume, donnant ainsi progressivement naissance à de nombreuses principautés rivales, les états Rajpoutes.

 

Après moults fluctuations, les rajpoutes s'installent dans l'actuel Rajasthan, donnant par la même occasion leur nom à l'état (Raja, Rajasthan = Rajpoute, Rajpoutana, ce sont les anglais qui utilisaient les deux dernières dénominations) mais sans jamais cesser de guerroyer pour le contrôle de territoires toujours plus grands...

A vrai dire le Rajasthan s'apparente au Moyen-Age européen où les seigneurs, du haut de leurs murailles, prévoyaient le prochain raid sur le duché rival. Il suffit juste de remplacer les forêts et campagnes par le désert et la rocaille. 

Leurs forteresses et citadelles n'ont rien à envier aux châteaux cathares et normands:

 

     Le Mehrangarh Fort de Jodhpur, en plein coeur du Marwar, le Pays de la mort

 

 

                   La forteresse de Jaisalmer, perdue dans le désert du Thar  

 

                           Le palais d'Amber vu depuis le fort de Jaigarh

 

Le City Palace de Jaipur   

 

 

 

 

 

Au gré des alliances et batailles, des royaumes s'agrandissaient pendant que d'autres périclitaient, mais progressivement une menace surgit à l'horizon : Les Moghols s'étaient établis dans la plaine Indo-Gangétique, et depuis le fort Rouge d'Agra, le grand Akbar envisageait de réduire les principautés une à une pour les soumettre au joug impérial. 

 

En 1567, le jeune empereur décide de s'attaquer au Royaume du Mewar, alors le plus puissant de tous les royaumes rajpoutes et fer de lance de la lutte contre l'envahisseur musulman. Si la campagne d'Akbar est un succès, notamment après le sac de Chittor, l'histoire retiendra surtout le sacrifice des Maharanis (épouses du Maharaja) qui se sont fait sati, c'est à dire immolées sur de gigantesques bûchers alors que leurs époux partaient au combat pour une mort certaine. Les principautés Rajpoutes tombèrent une à une, soit par la force, soit par alliance matrimoniale avec le harem Moghol... Voila comment calmer l'ardeur guerrière de ces seigneurs féodaux et assoupir la région pour deux cent ans. Finalement, au 18ème siècle une nouvelle menace se profile: les Marathes venant de la côte entre Mumbai et Goa, redoutables guerriers qui ont réussi à dépecer l'empire Moghol sur le déclin et qui se tournent maintenant vers les riches terres Rajpoutes... Les Maharajas vont commettre une erreur fatale pour la suite (enfin pas pour eux mais plutot pour l'honneur de leur royaume et de leur peuple): ils décident de s'allier aux anglais pour bouter les Marathes hors du Rajasthan. S'abandonner à une puissance étrangère pour préserver ses petits intérêts: trahison, plus de principes, plus de valeurs ! Le protectorat Britannique annonce une nouvelle ère dans l'histoire du Rajasthan, et des plus intéressantes, puisque ses conséquences se font sentir sur le Rajasthan moderne. Clairement, quand les Rajas ont signé le traité d'alliance avec les Britanniques, ils ont de jure accepté la présence permanente d'un résident britannique chargé de les rappeler à l'ordre si par mégarde ils s'éloigneraient des intérêts britanniques, et donc de facto signé leur arrêt de mort en tant qu'états indépendants. 

 

S'ouvre alors la période dorée des Maharajas, nouveaux princes anoblis par Victoria & Co, jouant au polo avec les aristocrates et lords anglais, disposant d'un salut codifié avec force coups de canons, se faisant construire des palais art nouveau, se dévouant à des passions aussi royales que futiles : chasse (notamment dans ce qui est aujourd'hui la réserve ornithologique de Bharatpur où le triste record est de 4200 oiseaux tués en une journée), aviation (à Jodhpur où le Maharaja fit constuire l'un des premiers aéroports d'Inde dans les années 30, escale en route pour Saigon et Shanghai) , trains (le Maharaja de Gwalior s'est fait construire un petit train pour circuler dans son palais)...C'est cette image que la plupart des occidentaux ont en tête quand ils pensent au faste et à la splendeur des Maharajas, sujets de l'empire Britannique ! Ces derniers prirent soin d’entretenir cette image de princes oisifs pour mieux pouvoir prendre en main les affaires des états princiers. Les princes étaient accusés de mal-gouvernance envers leurs sujets, et donc la tutelle de la couronne s’imposait. L’indirect rule britannique n’était donc pas si indirect que cela : le roi règne mais ne gouverne pas.

 

Toute bonne chose ayant une fin, un petit bonhomme nommé Gandhi décida que l'Inde devait être indépendante, et les états princiers comme le Rajpoutana devaient suivre ou mourir dans la lutte contre l'oppresseur! Mais certains princes en avaient décidé tout autrement, rétissants à abandonner leur souveraineté, ils se mirent en tête qu’ils étaient libre de choisir leur destinée, et avec elle celle de leur peuple. Quelle idée folle ! Ni une ni deux Nehru, tel un Bismarck oriental, se dit que l’Inde indépendante ne peut qu’être unie pour se construire un avenir radieux. Il envoie donc son homme de main, Patel, faire signer à tous les états princiers de l’empire des Indes des actes d’accessions à l’Union Indienne. Il en fut certains qui refusèrent – le maharaja de Jodhpur alla même jusqu'à demander l’union avec le Pakistan, le fourbe ! – mais rien ne pouvait faire céder le pandit, et les états princiers devaient joindre l’union Indienne, de gré ou de force ! 

 

En 1949, les Maharajas endeuillés furent donc contraints de voir la création de l’état du Rajasthan, marquant la fin de plus d’un millénaire de royaumes combattants..

..pour le plus grand plaisir des touristes !!!

 

 

 

 

             

 

MERCI !

 


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1. cambodge  le 03-03-2010 à 10:05:22  (site)

Encore des promesses en l'air, remboursez!!!!

2. lescochonsdinde  le 03-03-2010 à 11:29:28

Sois indulgente, on a plus qu'un mois de cours pour finir nos paper, pour récupérer des docs pour le mémoire et pour préparer notre voyage ! Le blog passe un peu après mais on l'oublie pas !

3. lescochonsdinde  le 03-03-2010 à 13:31:28  (site)

lol je vais m'y mettre c'est a mon tour now ! enfin d'abord le visa chinois...

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le 29-01-2010 15:39

République d'urgence

Hello Hello !

Un petit article qui va rendre compte de la situation de l'Inde en cette belle année 2010 qui vient tout juste de commencer : pour raconter une telle folie, il fallait un évènement à la hauteur.

Ca tombe bien mardi c'était Republic Day, jour anniversaire de la proclamation de la Constitution indienne, le 26 janvier 1950.

Avant de s'arrêter sur le trajet de l'Inde indépendante (vaste sujet) au cours de ces 6 décennies, nous allons devenir patriotes le temps d'un instant et admirer les belles photos de la parade militaire de rigueur pour chaque Republic Day, parce que je le veux et que nous nous sommes quand même levés à 5h30 dans le froid pour voir entre autres le régiment de chameliers rajasthanis, le dernier IRBM (missile ballistique nucléaire à moyenne portée pour les novices des RI ahah), ou encore des chars folkoriques venant des quatre coins de l'Inde...

 

   

 

 

 

 De toute façon, la fierté nationale en a pris un coup car un satané brouillard nous empêchait de voir à plus de 20 mètres, assez pour enlever le grandiose à l'oeuvre mais pas suffisant pour que les indiens ne deviennent hystériques au son des Sukhois 30 de l'armée de l'air.

 

Après s'être juré de ne plus assister à un défilé militaire, opération assez chiante s'il en est, voici venu le temps des questions.

Et les journaux indiens pour une fois arrivent à prendre du recul (même si le Republic Day fut bien évidemment magique et grandiose...) avec des Unes comme "Avons-nous trahi l'idée républicaine ?" ou encore "Have we failed ambedkar (le rédacteur principal de la constitution)" : un vent nouveau souffle sur l'Hindoustan !

 

Les journaux fustigent l'incompétence de la classe politique et son inadéquation avec la société indienne actuelle. La shining India de 2010 est riche d'entrepreneurs, d'une classe moyenne florissante et pleine d'espoir en l'avenir : le 21ème siècle sera Indien... ou pas si les politiciens s'en mèlent.

En effet, si la société civile a pris la marche de la modernité et se tourne résolument vers l'avenir, un boulet l'empêche de réellement prendre son envol : l'immense machine étatique indienne avec à sa tête : le politique.
Tous les échelons sont gangrenés par la corruption qui atteint des niveaux affolants (les mesures proposées sont à la mesure de la cupidité des indiens : automatiser le plus grand nombre de tâches qui ne nécessitent pas l'intervention humaine), avec des proportions autrement plus graves qu'un petit
backsheesh pour avoir internet plus vite.

Bien sûr cette corruption est encore plus endémique dans les états les plus pauvres. Il est affligeant de voir d'immenses bungalows à New Delhi appartenir au Chief minister du Bihar, état le plus pauvre de l'Inde.

L'Etat Indien tombe de Charybde en Scylla concernant la gestion des fonds publics : corruption et inefficacité des politiques publiques font la paire.

Pour vous donner un exemple en 1947 lors de l'indépendance l'Inde et la Chine avait quasi exactement le même PIB/hab, l'Inde ayant même un IDH légèrement plus élevé. Aujourd'hui la Chine est trois fois plus riche que l'Inde (excusable, la Chine s'est ouverte plus tôt aux IDE et à l'économie de marché) mais ce qui passe moins c'est le retard de développement qu'accuse l'Inde, avec un IDH de 0,6 (0,78 pour la Chine), elle se bat côte à côte avec le Yémen ou la Birmanie et se fait de loin distancer par la Corée du Nord (sic).

On pourra dire tout ce que l'on veut sur le modèle de développement chinois, il en reste que Mao et toute sa clique de successeurs à col gris et chaussures à fermeture éclair ont réussi le pari de l'éducation basique et d'un l'accès à la santé pour les masses, chose que l'Inde à quelque peu négligée.

Les conséquences ? La plus grande population d'analphabètes au monde (moins de la moitié des femmes sont léttrées), près d'un enfant sur quatre souffre de malnutrition, les infrastructures sanitaires sont défaillantes ou inexistantes (à 100 mètres de chez nous, les égouts sont déversés dans un canal qui rejoint le fleuve dans lequel les indiens pompent leur eau potable, se lavent et font leurs prières [phénomène que tous les touristes ont connu s'ils sont allés a Varanasi]), ce qui entraine la persistance de maladies telles que le choléra ou la dysentrie.

Si l'Inde a su découvrir de l'eau sur la Lune il y a deux mois, elle n'est même pas capable de satisfaire aux besoins vitaux de sa population.

30% des indiens vivent encore avec moins de 10eur par mois, et les politiques d'éradication de la pauvreté successives n'ont eu que des effets dérisoires.

 

Pourtant tout le monde est au courant de la situation, il est assez incroyable de voir le nombre d'ouvrages sur la question du développement (ce n'est pas un hasard sur Amartya Sen, père de l'IDH, est indien), chaque mois des dizaines de titres viennent enrichir les librairies déjà pleines de livres-recettes pour éradiquer les fléaux dont souffre l'Inde.
L'incurie de la classe politique pour résoudre les questions de développement n'a d'égal que son manque de considération pour des principes inscrits de marbre dans la constitution : l'égalité et la justice.

95% des citoyens indiens sont impuissants face à l'appareil policier et judiciaire, qui agit impunément pour satisfaire son intérêt propre.

La malhonnêteté, l'immoralité, la cupidité sont présents à tous les étage de l'édifice. Une petite histoire pour illustrer l'ampleur de la catastrophe : Ruchika Girhotra, petite indienne de 14 ans, allait faire du tennis à Chandigarh (une ville près de Delhi), quand un policier-/entraineur de tennis du quartier lui proposa de la coacher. Je passe les détails mais elle se fit battre par ledit policier.

Elle porta donc plainte (nous sommes en 1990, jusque la l'histoire aurait pu se passer dans n'importe quel pays... pas sa suite.) et se fut le début de la fin. Usant de son influence le policier réussi à expulser Ruchika de son école, faire licencier son père et charger son frère de vols et autres délits.

  

         Ruchika et son petit ami le policier

 

La famille fut constamment harcelée et menacée, ne trouvant aucun soutien de la part des autorités (police & justice), mais décidant de continuer le combat.

En 1993 et en réponse directe aux évènements, Ruchila se suicida.

En 2000 le policier fut promut directeur en chef de la police de l'Haryana.

Il y a un mois, en décembre 2009, 19 ans après les faits, le verdict final fut rendu, et le policier reconnu coupable.

Le verdict ? 6 mois de prison avec sursis et 15 euros d'amende.

Cette affaire est arrivée à une famille de la classe moyenne urbaine : imaginez l'idée de justice pour le paysan de basse caste vivant dans l'Uttar Pradesh... 

L'Inde va mal les amis, très mal, et ceux qui peuvent faire changer les choses ne s'en soucient guère.

Les Indiens absorbent les injustices depuis trop longtemps : il est grand temps pour la classe politique de se réveiller et de penser à autre chose qu'à leurs privilèges, ou qu'à se comporter en petits potentats locaux, maires du palais, despotes, adepte du népotisme et autres passe-droits (on ne refuse rien à la petite famille}.

 

Symptomatique de ce phénomène, les millionaires en roupies représentent maintenant plus de la moitié des parlemenaires, alors qu'ils étaient moins d'un quart aux élections de 2004. De même près de 15% des parlementaires ont un casier judiciaire pour meurtre.

L'agitation sociale grandit de jour en jour : les troubles du Telanga (volonté de création d'un nouvel état dans le Sud de l'Inde, près d'Hyderabad) n'en sont qu'une manifestation parmi d'autres.

 

Bonne résolution pour 2010 : avant d'instaurer l'état d'urgence, il est urgent de remettre la République sur les rails et de se rappeler que l'Inde avait "un rendez-vous avec le destin" selon les mots que Nehru avait prononcé le 14 aout 1947. Il serait grand temps de tenir cette promesse, car si rien n'est fait les Indiens vont sombrer, en emportant l'Inde avec eux.

 

Jai Hind !  

 


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1. hugo le français  le 30-01-2010 à 23:13:13

j'ai moi aussi été corrompu par les services secrets indiens ( ils existent!!...) et sachez que maitenant vous etes sous surveillance, votre post ne leurs plait guére, et vous faites désormais partie de la liste noir du RAW! à dans bientot en esperant qu'ils ne vous arrivent pas de malheurs !! ...
ps: gros bisxx ^^

2. cambodge  le 01-02-2010 à 09:32:55  (site)

Wow.

Décapant votre article, on dirait qu'après des mois de digestion vous donnez votre avis, ou un avis, sur le pays.

3. cambodge  le 01-03-2010 à 13:03:21  (site)

La suite.

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le 15-01-2010 12:44

Dimanche 3 Janvier 2010. Aéroport de Bengaluru. Une dizaine d’avions en direction de la capitale sont annulés car l’aéroport de Delhi est fermé. Le coupable ? Le FROID. Le froid qui amène ce brouillard épais, puant de pollution.

 

Il y a 7 semaines quand j’ai quitté Delhi, je mettais encore mes robes d’été.

Depuis le Sud de l’Inde, je me moquais en voyant sur FB le bulletin météorologique de mes camarades aixpatriés : des températures polaires pour moi dont le minimum tournait autour de 23degrès. Mon unique pull me servait seulement contre la climatisation dans les trains.

                                          

 

 

Je me suis GELEE sur le tarmac de l’aéroport entre l’avion et le hall d’arrivée. Il faisait 10degrès (oui, mais quand on est plus habitué…)

 

Ayant à peine posé notre sac à dos, Guillaume et moi sommes partis investir dans deux chauffages mobiles. Et une grosse couverture.

 

Je hais le froid.

      

 


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1. Frania  le 15-01-2010 à 18:57:43

Brunelle une escapade en Belgique m'a prouvée le contraire,mais peut être que le froid indien est plus dur! Big bisous

2. DADD  le 16-01-2010 à 16:37:22

Guigui; au balai, Gilly ne va pas être contente si tu lui rends un balcon dans cet état...

3. bastoooon  le 16-01-2010 à 18:29:08

haha 10 degrés mais c'est super comme température

4. PB57  le 26-01-2010 à 02:53:14

Paradoxal d'être SDF pendant 7 semaines et d'être au chaud, et d'arriver chez soi pour se peler !

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le 15-01-2010 12:37

Tamouland en vue !

A peine avons nous quitté le Sri Lanka (où les tamouls se font opprimer) que nous arrivons en Inde pour les retrouver, au Tamil Nadu « le plus indien des états indien » comme dirait certains confrères IEPiens : conservateurs et traditionnels, les tamouls sont qualifiés de « fermiers réactionnaires idolâtrant des politiciens - stars de cinéma » par leurs confrères indiens du nord. Il est vrai que des affiches géantes de stars de cinéma devenus politiciens couvrent les rues, et ici plus qu’ailleurs la politique est ultra-personnifiée ; tandis qu'au niveau des moeurs, le jean n’est pas encore très à la mode.

 

 

 

 

  

Tellement que l’on n’a pas envie de s’attarder dans sa capitale, Chennai (anciennement Madras), ce que nous ont confirmé certains IEPiens rencontrés au Sri Lanka (je vous l’ai dit ce fut la saison des rencontres) et étudiants à Chennai.

 

Direction Mamallapuram, baignée par les eaux du golfe du Bengale et abritant quelques temples hindous de 1er ordre. Malheureusement ce maudit cyclone qui nous avait suivi durant notre périple au Sri Lanka se représente aux portes de la ville, avec comme résultat des pluies torrentielles pendant deux jours.

 

  

 

 Finalement le choc à Mahabalipuram fut la présence massive de touristes, assez bizarre étant donné qu’il faisait un temps de chien et qu’en 1 journée on a à peu près tout vu…Enfin même si il faut négocier deux fois plus pour avoir une chambre double à 350roupies, les touristes ça a aussi du bon, car on fait des rencontres: un Allemand qui venait d’acheter un Vishnou géant à 2000eur,une Française qui nous a convaincu que la Birmanie serait notre prochaine destination et pour la route une Suisse de 72 ans, baroudeuse dans l’âme, avec qui nous décidons – après une visite rapide et incontournable des temples – de nous enfuir vers le sud et Pondichéry, capitale des Indes françaises, ou plutôt de ce qu’il en restait…

L’héritage culturel le plus important laissé par près de 300ans de présence française reste bien sûr les…boulangeries et autres endroits remplis de délices gustatifs. Pour un français qui vit à Delhi depuis 6 mois,immense soulagement de pouvoir manger un bœuf bourguignon, des croissants, du camembert avec une bonne baguette… bref des choses assez banales somme toute mais qui ont leur importance pour nos petits estomacs français !

Pondichéry, l’occasion également de retrouver encore et toujours la communauté IEPienne, représentée par Céline, Elizabeth et Justine. Outre la soirée pour célébrer le départ de Céline, Pondy fut l’occasion de rendre hommage à Dupleix et de se croire (un peu) dans une vieille et désuète station balnéaire de la France des années 50.

 

  

 

 Nous restons dans un monde européen en allant visiter Auroville, une cité délirante voulue par « la Mère », française et femme de SriAurobindo, lui - même intellectuel bengali promoteur d’un renouveau de l’hindouisme, en 1968… Le décor est placé, et la « ville de l’Aurore » est aujourd’hui plus une destination touristique pour les cars d’indiens qu’un lieu de paix et de médiation appartenant à l’humanité. Auroville c’est une sorte de colonialisme version New Age, ou des hippies repentis exploitent les tamouls et profitent de la douceur de vivre pour s’aménager des villas de nantis dans la jungle…le rêve a un peu été détourné mais pour sauver les apparences le Matrimandir est là, symbole d’une ville spirituelle et utopique, lieu de méditation…

  


 Nous délaissons les utopistes et après moult péripéties et autres aventures, notre prochaine escale au Tamil Nadu est Madurai, capitale spirituelle du Sud, âme de l’hindouisme et de l’Inde religieuse. Un retour au réel en quelque sorte.

 

Ici  c’est l'atmosphère des poojas (cérémonies religieuses) qui est omniprésente, où aux hindous « classiques », la présence des dévots d’Ayappa – tout de noir vêtus et allant en pèlerinage à Sabarimala dans le Kerala voisin – ajoute une touche « opus dei hindou » à l’ensemble.

 

  

Nous retrouvons ces pèlerins noirs à Kanyakumari, notre dernière étape avant les plages du Kerala, et lieu de rencontre des eaux du Golfe du Bengale, de la mer d’Oman et de l’Océan Indien. Sacré pour les hindous, il l’est aussi pour moi puisque c’est la que se trouve le Cap Comorin qui marque l’extrémité sud de l’Inde. Un voyageur jusqu’au-boutiste ne pouvait manquer ça, pour compléter le tour de l’Inde du Nord au Sud !

  


  

 


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1. Frania  le 15-01-2010 à 19:11:48

Le guide de Lonely Planet te laisse sa place! Bisous d' une fan de GG made in India

2. Flamby  le 16-01-2010 à 10:22:23  (site)

Hey, ca fait plaisir de voir des photos d'endroits familiers...et vu ta fabuleuse description des boulangeries de pondy, tu vas m'inspirer un petit article sur baker street, pour la rubrique tourisme de aujourd'hui l'inde
Rire1
bon le retour dans le froid a dû être un choc, en tt cas ça l'était pour moi ....

3. lescochonsdinde  le 16-01-2010 à 12:05:12

vas y vas y fais tes investigations et trouve nous les meilleures boulangeries de Delhi, chose autrement plus difficile qu'a Pondy ! lol Welcome home !

4. SirSimon  le 16-01-2010 à 21:14:46

Trop sublime la statue de Dupleix!

5. PB57  le 26-01-2010 à 02:44:36

Tiens, on dirait que Guillaume a ré-investi dans un appareil Reflex numérique ! Cool !

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le 07-01-2010 21:52

Ceylon, trop rapide !

Nous avons laissé le papa de Brunelle à l’aéroport après notre périple de luxe dans le Rajasthan et nous voilà repartis pour de nouvelles aventures. Apres 6 mois passés en Inde, pas un seul pays exotique et étranger n’était venu compléter notre passeport, où notre visa indien commençait à se sentir seul.

 

Ni une ni deux, pour faire plaisir aux douaniers nous voila à l’aéroport de Delhi, notre meilleur compagnon de voyage, bien plus fréquentable que ces gares indiennes surpeuplées et sales ! Nous respirons l’air du voyage et de la civilisation, mais les quelques soubresauts de ma CB envoyée dans la tombe ont bien faillit tout faire capoter.

Flashback qui fera peut être l’objet d’un prochain article, l’histoire étant que je me suis fait volé mon beau reflex avec portable et CB dans la gare de Vârânasî. Triste aventure s’il en est, le fait est que je pars tout de Go au Sri Lanka sans aucun moyen de paiement et que mon avion avait été payé avec cette la regrettée disparue. Dans leurs grands élans sécuritaires, les compagnies indiennes veulent bien sûr que l’on présente sa CB à l’embarquement. Voilà où nous en sommes ce jeudi 6 décembre à 5h du mat, l’avion est dans une heure et moi je m’énerve contre la charmante hôtesse de SpiceJet qui ne comprend rien à mon malheur.

Trèves de palabres nous embarquons contre quelques monnaies clinquantes, destination Chennai, puis Colombo. Pouah, puisque tout le monde nous avait conseillé d’éviter la capitale Sri-lankaise, pas très fun pour des touristes en mal de cocotiers et de repos, nous fonçons vers Negombo, plage faite pour étudiants en mal d’exotisme...  et de cote Cap D’Adgdisée ou Grande Mottée.

 

                          

                                        Negombo Beach

 

L’escale nous aura permis de faire la connaissance d’un sympathique couple de baroudeurs français, qui connaissent le Sri Lanka comme leur poche et avec qui nous décidons de partir le lendemain vers une escale autrement plus backpacker : Adam’s Peak, ou une ascension digne de l’Everest nous attend.

A peine le temps de prendre des forces version Curry SriLankais, et nous voila, à 2h du mat, entamer la montée du sommet d’Adam, frais comme des gardons et en compagnie des pèlerins qui sont venus pour l'occasion…ou pas ! Tout ça pour admirer le levé de Soleil depuis les 2240 mètres de la bête.

Apres 3 heures et 5000 marches gravies (à en faire pâlir laTour Eiffel…), il reste plus qu’à attendre que le soleil se lève… ou que les nuages n’arrivent. Enfin ca donne quand même ça :

 

  

 

Tout n’aura pas été perdu puisque c’est la période des rencontres et que nous tombons sur un jeune belge, Raphael, qui n’en est également pas à son premier voyage au SL puisque cet architecte de Bruxelles à fait un stage sur la côte Sri Lankaise touchée par le Tsunami de 2004 (dont les traces sont d’ailleurs encore bien présentes par endroit…).

Cette rencontre nous permet de changer de taxi et de coéquipier pour aller en direction d’Ella, en plein cœur de la région montagneuse. A savoir que le SriLanka est en gros divisé en 4 zones : la côte ouest et Sud, touristique et riche ; la région montagneuse, cœur de l’identité cinghalaise [et non SriLankaise, grosse nuance] avec le triangle culturel plus au nord et enfin le nord jusqu'à la presqu’île de Jaffna, peuplée majoritairement par les tamouls et totalement interdite au tourisme pour cause de relents de guerre civile.

 

Cette partie du voyage fut clairement la plus belle puisque c’est dans cette région que pousse le thé qui fait la renommée de l’île. Paysages de montagnes verdoyantes à perte de vue où les cueilleuses tamoules ramassent méticuleusement les meilleures feuilles pour le plaisir de notre palais (le meilleur c'est le Dilmah tralala).

Ella est bien coincée dans la région montagneuse, mais les vues qu’offrent les sommets environnants valent le détour. C’est ici que nous disons adieu à Raphael et que nous rebroussons chemin pour Kandy, capitale de la région montagneuse.

Aux aurores, nous partons donc pour 8 heures de train, toujours à travers des paysages que les British n’ont pas du se lasser de contempler depuis leurs Bungalows et autres mansions.

 

           

                         Plantations de thé et autres cueilleuses tamoules  

 

                              


Kandy, la nuit et la pluie. C’est vrai que j’ai omis un détail important : depuis notre arrivée, il fait moche, avec des nuages de malheur qui nous suivent, amenant leurs cargaisons de mort : la PLUIE ! J’exagère à peine mais pour un backpacker la pluie est le pire ennemi, puisqu’elle s’insinue dans votre sac (malgré votre super sursac) et que de toute façon tous les soirs rien ne sèche et le lendemain c’est repartit de plus belle. En fait pour que la pluie ne gâche carrément le voyage et il faut une bonne dose d’optimisme (et d’amour dans mon cas) pour tenir le coup.

 

Kandy, connue pour être l’âme culturelle des cinghalais (groupe ethnique qui représente la majorité de la population de l’ile [78%], Bouddhistes et surtout en opposition avec les Tamouls hindous qui constituent l’autre groupe ethnique) et donc c’est l'occasion de découvrir une bonne dose de danses traditionnelles à ajouter aux autres visites de temples avec des dents géantes (un temple est censé abriter une dent du Bouddha, qui fait 12cm : les bouddhistes adorent le Yéti et ils ne se rendent même pas compte).

 

          

             Peradeniya Gardens              Pinnewala, orphelinat d'éléphants

 

Au pays de Kandy les gens ont heureux, tellement qu’ils dorment beaucoup pour faire de beaux rêves : au Sri Lanka les gens sont atteints de la maladie du sommeil : plus personne dehors après 20h, c’est mange ta soupe et file au lit. Il nous est arrivé d’avoir des sueurs froides avec quelques guesthouses dont les propriétaires étaient allés faire un petit somme (notamment une fois ou nous arrivons à 22h devant la porte de la guesthouse,fermée pour l’occasion, obligé d’escalader la grille pointue ou nous avons cru finir comme ce pauvre fils de Romy Schneider…mais bon tant bien que mal nous passâmes, pour voir que les proprio papotaient tranquilles et avaient seulement oubliés notre existence…).

 

Avec Kandy, s’en est finit des modes de transports luxueux, place maintenant aux bus ordinary pour voyager au cœur de notre prochaine étape : le triangle culturel.

Classiques visites de temples et capitales en ruines, ca en finirait presque par devenir blasant après 6 mois passer à arpenter les plus beaux sites culturels indiens. Le Sri Lanka fait honnêtement pâle figure à coté mais bon quelques sites corrects et inscrits au patrimoine mondial nous ont fait faire le détour et surtout nous ont allégé de 100$...

Au programme la citadelle de Sirigiya, perdue sur son rocher, Polonnaruwa et ses Bouddha éventrés et Dambulla avec des peintures digne de Lascaux.

 

  

Dambulla 

           

              La forteresse-rocher de Sigiriya 

                                

     Un Stupa à Pollonaruwa 

 

Avec la pluie battante tous les jours et les prix prohibitifs, sans compter l’attitude des locaux peu avenants envers les touristes, le choix est vite fait d’aller vers le sud et les plages…

 

Unawatuna, Hikkaduwa, Mirissa, Bentota, entre toutes ces plages aux noms de rêves, il ne nous restait plus qu’à choisir. Ce fut Unawatuna, la moins développée et la plus sauvage… tellement que les hôtels ne descendaient pas en dessous de 60$. Bravo pour les conseils du guide. Enfin malgré la tempête, nous affrontons les vagues. La vie est difficile. Tellement que nous remettons le cap sur Chennai. J

 

             

                                               Unawatuna beach

 

Finalement, Ceylan c’est une petite île (deux fois la Belgique) mais un condensé parfait de tout ce que désire un voyageur : la montagne et ces défis hors du commun, la côte et ses plages tranquilles, le tout parsemé de sites culturels un peu partout. Le mélange est assez agréable !

 

A vrai dire la seule ombre au tableau du pays le plus développé de tout le sous-continent, ce sont les problèmes politiques. Voila 30 ans que les Tigres Tamouls mènent une guérilla pour la création d’un état indépendant tamoul dans le nord de l’île. Puis aux fils des années se sont succédés pourparlers de paix, armistices, le tout entrecoupés de guerres et d’attentats. En 2005 l’élection d’un populiste Cinghalais, Mahinda Rajapakse, a précipité les choses étant donné sa faible sympathie pour la cause tamoule. Cette année là les Sri Lankais ont de justesse choisit l’affrontement, étant donné que l’autre candidat prônait une réconciliation en accédant aux demandes du LTTE. Le pire dans l’histoire étant que les tigres tamouls ont interdit aux populations tamoules vivant sous leur contrôle de se rendre aux bureaux de vote sous peine d'avoir les bras coupés. Avec ces votes, Rajapakse n’aurait PAS été élu et l’histoire eu été différente. En quelque sorte les Tigres Tamouls ont œuvré à leur fin…

 

  

En effet en 2009 Rajapakse commence l’offensive contre les bastions de la rébellion tamoule, avec pour objectif de l’éradiquer une fois pour toute. C’est chose faite en mai 2009. Depuis le Sri Lanka n’en sort pas grandit : les tensions entre les communautés sont toujours aussi présentes,voire renforcées par le fait que l’armée est toute puissante et les exactions sont légions ; le nord de l’île est un véritable no man’s land ou 250 000 « réfugiés » sont parqués dans des camps et victimes d’atrocités, situation dénoncé depuis des mois par l’ONU…

 

Pourquoi parler de tout ca ? Dans deux semaines les SriLankais vont voter pour élire un nouveau président, avec le choix entre le président sortant et le général Fonseka, vainqueur militaire des TigresTamouls. En clair c’est bonnet blanc et blanc bonnet, sachant que les deux sont des nationalistes cinghalais anti-tamoul pur jus et que leur projet de "one people, one country, one nation » n’a jamais semblé être aussi loin de la réalité .Quelque soit les résultats, la mise en coupe réglée du nord tamoul se poursuit toujours et la normalité n’est pas pour demain.

 

En tant que touriste, à part les check points de l’armée, vous ne verrez rien de tout ça, vous pouvez vous ruer sur les plages, l’industrie du tourisme est en plein boom, les Club Med fleurissent : Enjoy, la vita è bella !

 

 

 


Commentaires

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1. Léah  le 09-01-2010 à 18:15:10

Et bien, tout ça donne envie d'aventures !
J'espère que tout se passe bien pour toi et à bientôt.

Bises

2. Samoul  le 10-01-2010 à 13:50:44  (site)

J'ai tout lu !
Merci beaucoup, c'est du bon boulot d'écrire autant.
Une petite relecture aurait évité les quelques mots manquants d'un espace... La partie historico-politique de la fin est très éclairante.
Merci encore ! A très vite cousin

3. bastoooon  le 14-01-2010 à 01:49:51

J'ai rien à dire, je mets qqch pour que vous postiez les articles suivants ^^.

sinon on dirait que c'est d'la balle

édité le 13-01-2010 à 21:20:02

4. lescochonsdinde  le 16-01-2010 à 19:18:01  (site)

ouais ouais jaloux va ! va dancer à Venise ! Rejoins nous en Asie si tu veux t'éclater !

5. cambodge  le 25-01-2010 à 07:22:59  (site)

La suite les enfants, mais d'un coté, il ne vous reste plus qu'un mois (oh my Bouddha!) d'université. Il est donc plus judicieux de profiter de vos derniers instants de fac indienne plutôt que de voyager ^^

6. mathilde N  le 10-02-2010 à 06:21:25

vos photos sont trop belles. y'en a plus sur facebook ??

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